Avec 54 millions de contrats souscrits par environ 38 millions de bénéficiaires, l'assurance-vie demeure le placement préféré des Français. Bien que l'idée soit née au milieu du 17e siècle, l'assurance-vie se présente aujourd'hui comme un produit d'épargne moderne et performant. Survoler cette longue histoire est d'autant plus intéressant que les objectifs de l'assurance-vie n'ont quasi-ment pas changé depuis sa création.

    Assurance-vie et assurance-décès : des objectifs très différents

    Avant toute chose, il apparaît comme indispensable de différencier l'assurance-vie et l'assurance-décès.
    Depuis sa mise sur le marché des produits financiers en 1818, les opposants au principe de l'assurance-vie ont d'ailleurs entretenu la confusion durant des décennies entre assurance-vie et assurance-décès.
    Leur argument majeur reposait dès lors sur une supposée spéculation sur le décès de l'assuré.

    Dans les faits, ces deux assurances sont associées à des objectifs très différents :

    L'assurance-décès a pour but de fournir un capital ou une rente aux héritiers de l'assuré après le décès de celui-ci.

    Une assurance-vie a pour objectif de constituer une épargne dont le montant dépend de celui des cotisations et de la durée du placement.

    Ce n'est donc que de manière accessoire que la ou les personnes désignées par le souscripteur récupèrent cette épargne après le décès de l'assuré.
    Une interprétation parallèle consiste à définir l'assurance-décès comme étant un outil de prévoyance alors que l'assurance-vie est un produit d'épargne.

    La naissance de l'assurance-vie

    L'idée de l'assurance-vie, dans sa forme proche de celle actuelle, est attribuée à Lorenzo Tonti, un financier italien, et date de 1652. Soutenu par le puissant cardinal Mazarin, Lorenzo Tonti anime des associations de personnes qui mettent des fonds en commun pour une durée limitée. En fin de période, l'association est dissoute et le capital constitué sur la durée est réparti au prorata de leur investissement initial aux associés survivants.
    Un tournant majeur se produit en 1787 avec la fondation de la " Compagnie Royale d'Assurance-vie ". Cet organisme a pour vocation de proposer des assurances contre les incendies ainsi que des assurances-décès. Sur décision du Conseil d'État en 1818, l'assurance-vie vient s'ajouter aux contrats existants.

    L'assurance-vie comme pilier financier de la retraite

    La définition donnée à l'assurance-vie au 19e siècle est d'autant plus surprenante qu'elle est proche de ce que recherchent les souscripteurs au 21e siècle.
    Aussitôt après la création de la première " Caisse des retraites pour la vieillesse " en 1850, l'État cherche à trouver un moyen de garantir un minimum financier à la population la plus âgée. Dans un premier temps, ce projet de prévoyance associe épargne-retraite et assurance-vie.
    L'objectif est alors d'améliorer le climat social en limitant l'importante mendicité. L'idée maîtresse consiste à changer en travailleurs les nombreux mendiants par une incitation à la prévoyance, pour partie financée par l'État. Les montants prélevés sur les revenus du travail sont placés dans divers secteurs de l'activité, dont l'industrie. Une partie du montant capitalisé est ensuite reversée aux travailleurs âgés sous la forme de rente ou de capital au titre de l'assurance-vie. (Source documentaire : Revue d'économie financière n° 11).

    1938, un premier Code pour l'assurance-vie

    Une avancée intervient en 1938 avec la création d'un code des assurances spécifique à l'assurance-vie qui vient s'ajouter à celui plus général de 1930. Il faudra toutefois attendre 1976 pour que naisse un code des assurances. Celui-ci vient avantageusement uniformiser ce qui était auparavant une véritable " jungle juridique " avec une profusion de textes aux orientations souvent opposées.

    Le « mauvais nouveau départ » de l'assurance-vie

    Après la guerre de 39-45, l'objectif principal est la reconstruction du pays et de retrouver l'espoir après ces années difficiles. C'est donc assez logiquement que l'assurance-vie se retrouve sous l'éteignoir.
    Au début des années 60, l'assurance-vie retrouve des couleurs, mais hélas pas toujours les bonnes. Difficile en effet de faire confiance à des démarcheurs inconnus pratiquant le porte-à-porte pour vendre des contrats d'assurance-vie.
    Cette mauvaise image renvoyée par des " professionnels " manquant parfois de scrupules a eu pour effet d'inciter à la méfiance alors que certains contrats étaient tout à fait intéressants pour les souscripteurs.

    Années 1980, le renouveau de l'assurance-vie

    Le début des années 80 marque le grand retour de l'assurance-vie soutenue par une image nette-ment améliorée. Ce renouveau est à mettre à l'actif des assureurs, banques et associations d'épargnants. Le résultat est une clarification ainsi qu'une moralisation de l'assurance-vie.
    Les produits d'assurance-vie sont ainsi simplifiés tout en bénéficiant d'une lisibilité sensiblement améliorée. La personne qui souscrit une assurance-vie peut désormais analyser les frais de cotisation et le bénéfice qu'il peut tirer de son placement.
    Contrairement aux pratiques du passé, l'assuré ne se retrouve plus prisonnier de son contrat en pouvant par exemple décider du montant de ses cotisations et retirer les sommes souscrites sans être empêché par d'importantes pénalités.
    Progressivement, les épargnants reprennent confiance dans l'assurance-vie qui se révèle particulière-ment attractive en matière de rendements. C'est ainsi qu'en 1987, le taux de rendement d'une assurance-vie en fonds euros atteignait les 6 % après inflation.

    L'assurance-vie toujours aussi populaire en ce début de 21e siècle

    Ces 20 dernières années, les fonds euros ont connu une baisse sensible de rendement avec un rendement brut moyen de 3,78 % (source étude FFA avec Facts & Figures). La montée en puissance des contrats multisupport a toutefois limité ce mouvement baissier.
    La qualité et la solidité de nombreux contrats multisupports ont pour effet d'attirer de plus en plus de souscripteurs pour devenir l'épargne préférée des Français.
    Contrairement aux années 60-70, ce ne sont plus les démarcheurs qui font du porte-à-porte, mais les assurés qui entrent en relation avec les assureurs pour souscrire une assurance-vie.
    Une des raisons de cet engouement pour l'assurance-vie est étroitement liée aux craintes en ce qui concerne l'avenir proche et à plus longs termes. Cette inquiétude concerne essentiellement les retraites, ce qui n'a rien de vraiment surprenant. Dès 1991, le " livre blanc sur les retraites " de Michel Rocard mettait l'accent sur les risques liés au système de retraite. Ceux et celles qui ont souscrit une assurance-vie à cette époque ont donc fait le bon choix, ce type d'épargne étant encore plus d'actualité aujourd'hui.

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    Rédaction meilleurtaux Placement